Tout a commencé sur l’horizon de métal froid le ciel et la mer ont fusionné

Tout s’achève ici et rien ne sert de freiner

Des quatre fers ni de rayer le parquet des vanités

Nous avançons en rangs serrés sages saphirs sur les striures de notre histoire qui tourne en rond.

Sur mon pied unique je veille un peu penché

Fouetté par le vent échassier de sable

Je surveille de mes yeux bleus

La plage déserte et l’ondulation sans fin des grains de quartz.

L’appel du large le reflux des marées tout s’enfuit s’éloigne et je me cramponne

Fleur verte de sable oasis temporaire seule dans le tableau je résiste au recul du désert.

La brosse du peintre inlassable, peigne l’océan aux lames d’argent relevées

Fines touches pointillistes insufflant la vie à ce ciel normand d’un autre temps

Seules subsistent dans ce tableau, comme un repentir, quelques silhouettes

Fantômes errants sous le soleil dévorés par la bordure indécise de l’écume.

D’un stylo revanchard l’enfant privé de sorties a biffé la page de l’horizon

Devoirs de juillet surlignés au Stabilo par six stries jaune criard

Le sportif fâché a barré sa ligne rouge pointée elle aussi

Sur l’horizon des vacances.

Dans la même direction

en filigrane tu me suis

À mes côtés, tu navigues,

légère comme une ombre

Ta voile délicate m’accompagne

jusqu’au bout du monde

Et qu’importe, cher fantôme,

si pour les autres, je divague.

Nos mâts se joignent et se frôlent

résonances de gréements

Conciliabule familial

Nos mâts chantent et palabrent

les rumeurs célestes voyagent

Téléphone arabe

L’histoire d’un couple de goélands

à Ouistreham fait la une

Tintamarre maritime.

Le bercement hypnotique des quais flottants

Suspension pneumatique, interlude de nos désirs,

La descente amortie comme une inclinaison

Renforce l’équilibre de nos pas décidés

À larguer les amarres des grandes résolutions.

Sauts à l’élastique, allers-retours terre-mer, le boomerang normand

Nous précipite dans le vide océanique explorations sans risques

Car toujours le treuil vert à la réalité et à quai, nostalgique, nous ramène.

Le flou de structure

joue, peinture orchestrale,

sur les ondes alignées

la sonate des quais.

Le flou de mouvement

se joue, xylophone optique,

d’un jeté chromatique

surgi des coques.

À ce monde blessant de lances piques pointes et hameçons

À ce monde angoissant de pêcheurs et prédateurs aux yatchs et crochets effilés

À ce monde linéaire, enfin, J’oppose les sphères

Patientes constructions moléculaires de mes cocons rouges et blancs.

Lumière en premier plan départ des chalutiers sous les feux de la rampe

Ombres à l’arrière plan le monde bien ancré des façades et recoins

De Port-en-Bessin attend, figé, le retour prodigue de ses marins.

Jaune et rouge opaques olivâtres origines confondues

Couleurs espagnoles ou teintes brésiliennes

L’eau de Port-en-Bessin troublée par ce voyage en forêt amazonienne

En perdrait sa boussole verte et normande.